‘Je sentais l’intense besoin
d’une plus profonde communion avec Dieu. Mon âme était assoiffée de Lui… Un soir,
après le travail, j’entendis intérieurement une voix qui m’invitait à aller
dans l’étable et à m’agenouiller dans cette ‘chambre haute’ où je priais
souvent. En obéissant à la voix du Seigneur, je m’agenouillai devant le Dieu
vivant et me présentai à Lui. Après avoir prié un peu, je me sentis saisi par
une force extraordinaire qui s’empara de tout mon être. Je commençai alors à
prier plus intensément, n’ayant que Jésus devant les yeux, et je m’aperçus
que ma prière devenait de plus en plus intense… Soudain, je vis comme un
rayon lumineux provenant du Ciel et je compris que Dieu appréciait ma prière.
Je fus comme transporté dans une splendeur indescriptible et mes pauvres
paroles ne peuvent exprimer ce que j’éprouvai ces moments-là : une
espèce de courant traversa tout mon corps et il s’empara de ma langue au
point que je prononçai des flots de paroles que moi-même ne comprenais pas.
J’étais toujours conscient, même si je ne me rendais pas compte de ce qui
était en train de m’arriver. Au contraire, je cherchai même à me retenir de
prononcer ces mots en me mordant la langue. J’eus aussi peur quand je
m’aperçus, quelques instants après, que je ne pouvais plus prier en danois et
que ces paroles étranges me venaient toujours aux lèvres. Lorsque je me
levai, je fondis en larmes en pensant devoir demander pardon à Dieu pour
m’être conduit de cette façon. Le fait est que l’on m’avait raconté que
quelques-uns qui avaient médité à fond sur le christianisme étaient devenus
des exaltés, et même des fous. À vrai dire, je n’avais pas tant réfléchi ou
médité, mais j’avais simplement cru en Dieu, je m’étais adressé à Lui en
prière, et j’avais été saisi par cette force incompréhensible… |
Je me glissai dans mon lit en tâchant
de me dominer, parce que j’étais encore en proie à cet étrange phénomène. Je
n’osais pas en parler à ma femme, par peur qu’elle me croie fou et puis je ne
voulais pas la troubler. |
Quand je retrouvais mes amis
du ‘Mouvement Communautaire’ et que nous nous mettions à prier, cet étrange
phénomène se répétait et je devais me contrôler en faisant levier sur toutes
mes forces, au point de tenir un mouchoir sur la bouche de façon que personne
n’entende ce que je disais. Ce fut une période terrible : personne ne me
comprenait et je ne savais que faire ! |
Un soir, nous fûmes invités à
une réunion qui se tenait chez une institutrice croyante âgée; un
prédicateur de passage devait parler, appartenant à une autre Église. Après
le message et quelques observations de la part de quelques-uns d’entre nous,
nous nous agenouillâmes pour prier. Alors, je m’adressai à Dieu au fond de
moi et je Lui demandai de me guider par l’Esprit Saint, sans me rendre compte
que l’étrange phénomène dont j’étais en train de faire l’expérience était
justement dû à la présence en moi de l’Esprit Saint de Dieu. De toute façon
ce soir-là aussi je fus saisi par une force irrésistible qui me souleva de
terre à l’insu de tous. Avant de me rendre compte de ce qui était en train
d’arriver, je me trouvai de l’autre côté de la pièce. J’avais été
littéralement soulevé au-dessus des têtes de ceux qui priaient à côté de moi.
Je reçus aussi une vision céleste que je n’oublierai jamais et que je ne peux
décrire par des paroles. Il y a indubitablement une analogie entre cette
vision et l’expérience décrite par l’apôtre Paul dans la seconde épître aux
Corinthiens : « Il faut se glorifier... Cela n'est pas bon. J'en
viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. Je connais
un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième
ciel (si ce fut dans son corps je ne sais, si ce fut hors de son corps je ne
sais, Dieu le sait). Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou
sans son corps je ne sais, Dieu le sait) fut enlevé dans le paradis, et qu'il
entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme
d'exprimer » (2 Corinthiens 12/1-4). Je commençai alors à crier de toute
ma force : ‘Je suis libre ! Je suis libre !’ Quelques-uns de
mes amis s’effrayèrent et se précipitèrent hors de la maison, tandis que
d’autres commencèrent à louer Dieu. D’autres encore me demandèrent si j’étais
malade, parce que je tremblais de tout mon corps. Je ne réussissais pas à
comprendre ce qui était en train de m’arriver, mais j’étais absolument sûr de
m’être trouvé en la présence de Dieu. Mais personne n’osait donner une
explication du fait. Les amis alors me conseillèrent de rentrer à la maison
et ils m’aidèrent à enfiler mon manteau. |
Chemin faisant, quelques-uns
me demandèrent si je savais ce qui m’était arrivé, mais moi-même ne savais
que répondre ; je dis seulement que j’avais été envahi par une joie
surnaturelle, indescriptible, et que cette joie continuait à m’inonder. Le
lendemain je lus dans la Bible ces paroles : « Mais c'est ici ce
qui a été dit par le prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu,
je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles
prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront
des songes » (Actes 2/16-17). Toutefois, je ne comprenais pas encore ce
que signifiait que « Dieu répand de Son Esprit ». Mais je savais
que la vision que j’avais eue provenait de Dieu. |
Plus tard, la vieille institutrice
vint s’informer de mon état. J’en profitai alors pour lui demander ce qui
m’était arrivé le soir précédent. Elle m’expliqua que l’Esprit Saint était
descendu sur moi. Elle me parla donc du baptême de l’Esprit Saint selon
l’enseignement de la Bible, en me montrant comme on en parle déjà dans les
quatre évangiles. En particulier, elle attira mon attention sur Marc 16/17 où
la glossolalie (ou ‘parler en langues’) est indiquée comme un des signes qui
accompagnent cette expérience : « Voici les miracles qui
accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les
démons ; ils parleront de nouvelles langues… ». |
(…) |
Le mystère donc avait été
résolu : mon étrange expérience n’était que le baptême de l’Esprit
Saint. Je confiai alors à la maîtresse que ce phénomène s’était manifesté
souvent ces derniers temps pendant que je priais et que j’avais tout fait
pour éviter de prononcer ces étranges paroles. Elle s’émut et m’encouragea à
ne pas les réprimer lorsqu’elles me venaient aux lèvres, parce que ce que
j’avais reçu n’était que le don de l’Esprit Saint : ‘Beaucoup de gens,
me dit-elle, ‘courent d’une réunion à une autre pendant des années, à la
recherche de ce que vous avez reçu tout seul avec Dieu, dans une
étable ! |
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Faits survenus au Danemark |
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Tiré de : Martinus
Bjerre, Come un Padre (Comme un
Père), Grosseto 1986, p. 21-24 |